Albert SELTZ
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le SELTZ ...
Sans jamais oser le demander.
Irréductible et irrésistible
comme ses Sylvaner, Albert Seltz est un vigneron qui revendique haut et fort sa
différence. Mais c’est avant tout un personnage sentimental et attachant qui
cache parfois sous des dehors rugueux et provocateurs, une grande sensibilité.
En 1980, alors qu’à 19 ans il
vient de reprendre les 10
hectares
du Domaine familial, il en arrache 3 pour
supprimer tous les clones présents. Ses banquiers s’inquiètent pour sa santé
mentale, mais Albert reste déterminé. Il ne souhaite pas traîner ce qu’i
considère comme un boulet et préfère partir sur des bases solides.
10 hectares
Un matériel végétal issu de
sélections massales lui parait indispensable à une bonne adéquation entre
terroir, porte greffe et cépage. Mais encore une fois il surprend par le choix
des replants ; principalement du Sylvaner et de l’Auxerrois.
L’exemple de Marc Kreidenweiss
l’incite à magnifier l’Auxerrois, un cépage incompris et décrié, dont le
caractère introverti correspond parfaitement à sa nature profonde. Résolu et
déterminé son combat pour la défense du Sylvaner le conduira jusque devant les
tribunaux.
Pas moins de 5 références
d’Auxerrois sont actuellement à la vente, sans compter les millésimes plus
anciens dont certains sont encore disponibles.
Du Pinot Blanc 2005, 100%
Auxerrois, au nez floral et frais accompagné de fines notes vanillées avec une
structure imposante vendu seulement 4,40 € à l’Auxerrois Kritt 2002 (11,20
€), un vin de discussion, passerillé, à l’élégance féminine et racée, sans
oublier l’Auxerrois
Sélection 2005 (11,20 €), issu de la Hardt
de Mittelbergheim avec
un potentiel de vendange tardive. Sec et puissant, Albert le voit comme un vin
d’asperges quand d’ici 3 ans la pointe alcooleuse aura laissé la place aux
arômes de noisette qui commencent à poindre.
la Hardt
L’Auxerrois Kritt Sélection 2005 a
été récolté avec un potentiel de plus de 22°
d’alcool. Avec son nez marqué par le botrytis et la pâte de coing c’est encore
un bébé qui ne demande qu’à grandir. Il est cependant déjà remarquablement bien
en place et donnerait volontiers la
réplique à un foie gras poêle au vinaigre balsamique.
2005 a
Dans un registre différent, l’Auxerrois La Clochette
du Fou 2002 (14,70 €), élevage en barrique, Albert l’appelle « mon
Puligny ». Goûtez, vous comprendrez pourquoi…
La Clochette
Le vigneron travaille dans un
style viril qui conjugue avec brio la puissance et l’élégance racée. Parfois
ingrats dans leurs jeunesses, beaucoup de ses vins ont besoin de quelques
années pour gagner en plénitude et dominer les excès des chaleurs adolescentes.
Ces vins sont construits pour la garde.
La preuve par l’exemple avec un
voyage au bout du Sylvaner en 15 vins.
L’actuelle cuvée Sono Contento, issue du Grand Cru Zotzenberg, était commercialisée de sa
création en 1989 jusqu’en 1999 sous l’appellation Sylvaner Vieilles Vignes Zotzenberg. C’est elle qui déclencha les ires de l’INAO et conduisit Albert devant
les tribunaux. Il était en effet interdit de revendiquer un terroir classé en
Grand Cru pour ce cépage..
Nullement déterminé à se laisser
faire compte tenu de l’antériorité historique du Sylvaner sur le Zotzenberg, notre Dom Quichotte partit
en croisade judiciaire. Débouté mais dispensé de peine, il fit percer dans son
Domaine, en mémoire de cet épisode, une fenêtre de style Renaissance. Elle
porte sur sa voûte la mention « Sono Contento 11 février 2000 »,
référence à Leonard de Vinci disant sa satisfaction après avoir achevé une
toile, la date étant celle du délibéré du procès.
Le Sylvaner Vieilles Vignes Zotzenberg 1994, rebaptisé Sono
Contento possède une matière étonnante de vivacité.
Son acidité est pimpante, son amertume désaltérante et son bouquet complexe
avec des notes d’herbes aromatiques de sauge et de réglisse. Toujours dans une
prime jeunesse.
Le 1995 (14,70 €) s’exprime par la
qualité de sa minéralité et son acidité parfaite de droiture et de gourmandise.
Un nez puissant et envoûtant de
truffe caractérise le millésime 1996 (14,70 €). Sa bouche possède un
profil très proche du 1994 bien soutenue une finale puissante et grasse d’une
respectable longueur. Pas d’arômes outranciers, la puissance est contenue,
c’est la force tranquille.
Toujours la truffe, mais plus
discrète et accompagnée de réglisse pour le millésime 1997 (14,70
€). Le vin est tendu, jeune, la finale un peu chaude. L’aération lui permet de
mieux s’exprimer. Trop jeune encore !
Le 98 (14,70 €) est encore sur le fruit. Nez de poire Williams
et de compote chaude, la bouche dans un
registre identique avec un gras annonciateur d’un beau millésime.
Trop récents les millésimes 2003 et 2004 (10,20
€) ne possèdent pas encore l’équilibre de leurs aînés, mais leur potentiel
aromatique marqué par un profil épicé ne demande qu’à se manifester.
Sono Contento constitue la cuvée
de référence, mais il faut d’autres espaces à Albert pour déclamer son ode au
Sylvaner.
Sylvaner
Barbe Noire 2002, incursion d’un pirate sur fond
de surmaturité et de botrytis. Sec cependant avec une bouche bien construite
sur des arômes de fruits à noyaux. Parfait en accompagnement de gibier à plume.
Le Sylvaner Zotzenberg 2005 est le premier millésime à pouvoir porter la mention Grand Cru. Le
combat juridique ne fut donc pas vain. S’il est déjà à la vente, en raison
d’une demande pressante, Albert préfère prévenir les acheteurs, cette bombe
n’est pas à sortir avant au moins 5 ans.
Pour patienter, la cuvée de Sylvaner de La Colline
aux Poiriers 1998 (20,40 €) offre un ensemble suave, ample et parfaitement fondu. Son
potentiel de vendange tardive est marqué par le passerillage et le botrytis. Le
2001 de la même cuvée (17,70 € les 500 ml) devra aussi patienter, mais ce
millésime de grande qualité nécessite un peu d’abnégation.
La Colline